Dentelles de Montmirail : le plus beau des Dentelles en une seule boucle

Dans le prolongement du Mont Ventoux, les Dentelles de Montmirail sont une fierté locale, l’un de ces spots que d’autres envient jalousement au Vaucluse. Parce que la Nature, en mal de fantaisie, a encore légué aux Hommes l’un de ces décors sidérants qui titillent l’esprit d’aventure des bipèdes à qui il a été offert. Aimant à grimpeurs, les Dentelles constituent une indéniable plus value paysagère pour un territoire viticole à la notoriété internationale. On vient parfois de loin pour les admirer. Et savourer un Gigondas ou un Vacqueyras. Si des sentiers aux allures d’autoroute permettent de les approcher, des chemins plus confidentiels feront de l’oeil aux randonneurs expérimentés désireux d’en voir un max en une seule fois. Cascade, escalade (assez facile), sentes oubliées et panoramas : je vous propose de les enfiler comme des perles sur un collier dans une seule et même boucle, un poil exigeante mais 100% gratifiante. Si vous êtes chaud(e), lisez donc la suite !

Difficulté : difficile | Distance : 13 km | Dénivelé : 865 m | Durée : 6h40 | Carte : IGN TOP25 1/25000è 3040ET – Carpentras, Vaison-la-Romaine, Dentelles de Montmirail

1 – RÈGLE N°1 : NE PAS FAIRE COMME TOUT LE MONDE

De Gigondas à Tête Vieille

Il y a comme une fébrilité latente derrière les façades des commerces et des domaines lentement blanchis par la lumière du matin. Sans doute est-ce l’époque qui veut ça ? Et un peu aussi de l’excitation procurée par ces premières chaleurs qui semblent vouloir donner le coup d’envoi de la saison touristique.

Sur le parking où j’ai stationné le Rav4 des groupes entiers de randonneurs prennent le départ des Dentelles de Montmirail. Difficile de dire qui du vin ou de ces grandes formations minérales attire le plus de monde ici. Aux beaux jours cela tient presque de la profession de foi et repartir avec une bouteille de cet AOC solidement charpenté et structuré en guise de souvenir de randonnée tend à prouver que les deux publics sont loin de s’opposer.

On est encore au mois d’avril et c’est une nouvelle journée radieuse et sans vent qu’annonce un soleil franc épinglé dans un ciel d’azur. Ici c’est une vitrine qu’on nettoie avec application, là une terrasse qu’on installe soigneusement.

J’attrape la boucle du GR® de Pays – celui du Tour des Dentelles de Montmirail – en sens inverse. Je n’en suis pas à ma première fois dans le secteur – quand bien même rien n’a jamais été publié sur les Dentelles sur le blog – et, pour changer, je trouve plus sage d’éviter la zone hautement fréquentée du col du Cayron, accès le plus direct et le plus communément emprunté pour monter aux Dentelles Sarrasines.

Je lui préfère le chemin des vignes qu’on trouve, planquées dans un repli de terrain, derrière Gigondas. Un ascenseur direct vers le Rocher du Midi, belvédère populaire depuis lequel j’entends déjà brailler depuis la ferme Saint-Jean. Je ne compte plus le nombre de fois où je me fais la réflexion, entre amusement (parfois) et découragement (bien plus souvent), que l’espèce humaine est bruyante.

Le départ à travers vignes après avoir quitté Gigondas par le GR® de Pays Tour des Dentelles de Montmirail

Qu’il s’agisse d’outils, de modes de vie, de rassemblements, on est vraiment les champions toute catégorie des nuisances sonores. A-t-on déjà entendu des écureuils hurler dans les pins ? Ou des sangliers écouter de la musique à fond ? Des chouettes s’insulter comme si elles étaient seules au monde ?

Pas étonnant que je me sois encore mis, ce jour-là, sur la piste de chemins genre le moins officiel possible, histoire de faire le dos rond, de passer sans être vu et de réduire au minimum syndical tout risque d’interaction avec mes semblables. Vous avez dit sauvage ?

Je m’esquive du GR® de Pays dès que possible. Dans mon cas peu de temps après être entré sous le couvert forestier, peu après un lacet du chemin au-dessus de la rigole broussailleuse servant de lit au ruisseau du Rieu.

Pas vraiment d’indication. Juste un départ de sente invitant à une promenade en sous-bois. Une coursive discrète, ponctuée de brèves rampes sportives, qui convulse agréablement en remontant le versant gauche du Rieu. Un côté qui, contrairement à son voisin, ne voit pas assez le soleil pour accueillir la vigne et qui s’est donc vu épargné une reconversion viticole.

Ascension en catimini par des sentiers bien camouflés en guise d’introduction

Tant mieux pour moi qui profite ainsi d’un prologue en coulisses loin des foules, atterrissant sur une piste, au niveau d’un col situé un peu au sud du Rocher du Midi où résonne toujours des hurlements dignes d’une finale de coupe du monde au Stade de France.

Tel le renard méfiant, museau au vent pour flairer le danger, je traverse rapidement le découvert pour plonger à nouveau sous le couvert des chênes verts, de l’autre côté du chemin. J’y disparais avec la suite du chemin pour gagner les hauteurs de Tête Vieille, extrémité occidentale du long rempart des Dentelles Sarrasines.

Les Dentelles de Montmirail constituent un environnement unique ici en Vaucluse. Entre Gigondas, au nord, et Lafare, au sud, ce sont trois saillies rocheuses presque parallèles, étirées en dorsales calcaires étroites et bardées de parois redoutables.

Les Dentelles de Montmirail émergent, conquérantes, de versants de garrigue méditerranéenne tapissés de vignes en terrasses et de bosquets de chênes. Le tout sous l’oeil du Mont Ventoux, en arrière-plan. C’est l’un de ces trésors paysagers que les touristes étrangers viennent immortaliser par milliers chaque année. Un rêve de Provence et de vin. Une carte postale de la France du sud.

Sur la seconde partie de l’ascension, les sous-bois s’éclaircissent et laissent apparaître la plaine du Comtat

Pour les locaux elles offrent un terrain de jeu aux possibilités multiples : randonnée, évidemment, mais aussi trail et escalade. Le calcaire des Dentelles de Montmirail attire les grimpeurs comme la lumière les papillons de nuit. Sans oublier les VTTistes.

Bien qu’aucune balise ne s’y aperçoive, je note la présence d’aménagements dédiés aux deux roues sur ma sente m’incitant à maintenir ma vigilance à un niveau suffisamment élevé pour anticiper un éventuel croisement avec l’un de ces descendeurs fous.

Plus caillouteux qu’au départ, le chemin se débarrasse aussi peu à peu de sa couverture boisée, laissant ainsi l’espace galoper jusqu’aux confins de la plaine. Plus au nord je reconnais bien Séguret posé au pied de sa colline et de son écaille rocheuse et que j’avais visité lors d’une randonnée hivernale l’an passé – voir l’article Prébayon : Qui Pourrait Résister à un Bon Sablet de Noël ?

Au sommet de Tête Vieille : première rencontre avec les Dentelles Sarrasines dont on va commencer la patiente traversée d’ouest en est

C’est la fin du premier effort de la journée. Émerger sur les hauteurs de Tête Vieille c’est signer pour une entrée en matière avec l’univers des Dentelles Sarrasines dont un premier croc, raide, presque belliqueux, jaillit de terre en transperçant la végétation à quelques centaines de mètres de là.

Le début d’une marche de funambule avec, à ma gauche, la cuvette du col du Cayron remontant vers le secteur des Trois Yeux et, à ma droite, celle du col d’Alsau fermée par les Dentelles du Grand Montmirail puis du Clapis. Au-delà c’est un dégradé de reliefs qui vont en s’éclaircissant au fur et à mesure qu’ils reculent à l’horizon, bien au-delà de la silhouette en volcan du Ventoux.

La traversée des Dentelles Sarrasines est considérée comme une magnifique classique ici et constitue sans aucun doute l’une des plus belles manières de les explorer.

Les puristes pourront avoir envie de suivre cette crête escarpée au plus près des caprices de son rocher déchiqueté. C’est possible à condition d’avoir amené la corde, le baudrier, le casque et pas mal d’accessoires dans le sac à dos. Et, of course, de savoir s’en servir !

Et si l’escalade sportive ce n’est pas trop votre truc, sachez qu’il est possible de profiter des Dentelles à jeu – presque – égal des grimpeurs. À condition de savoir où chercher et d’être aussi assez copain avec le rocher et l’ambiance qui va avec. Le temps est venu de se mettre à la recherche de la Chambre du Turc.

2 – CHAMBRE, CHEMINÉE & SOMMET : LA TRILOGIE DU TURC

De Tête Vieille au Sommet du Turc

Me voici donc en route pour la fameuse Chambre du Turc, cavité savamment camouflée dans le flanc d’une muraille du versant méridional des Sarrasines. Si bien dissimulée que je l’ai cherchée à plusieurs reprises par le passé sans jamais parvenir à la débusquer.

Cette fois, prévoyant, j’ai embarqué avec moi un point GPS pour me mettre sur la voie. Première étape : basculer côté sud. C’est chose faite après avoir contourné le « premier croc », au niveau d’une fenêtre entre deux gros bras rocheux jouant du biceps à coup de calcaire.

Une cheminée accueillante me descend aussi facilement qu’un ramoneur à l’étage du dessous, dans un rassemblement de chênes verts qui viennent chercher la protection du rocher sur presque toute la longueur de ces Dentelles.

On y est à l’ombre, appuyé contre le pied du rempart rocheux, oscillant au gré de pastilles bleues sur un sentier qui peine à rester plat. Je redouble d’attention lorsque la muraille semble s’affaisser au-delà des chênes pour laisser planer la possibilité d’un passage en versant nord. Pas de doute c’est ici qu’il faut chercher le départ vers les quartiers du Turc.

Désescalade prudente de la courte cheminée qui permet de basculer du versant nord au versant sud

Une ligne brune entre deux strates constituant le socle de la massive section de rocher suivante semble dessiner un chemin entre les troncs tourmentés des petits arbres. Je prends ça comme une invitation. En y regardant de plus près, une série d’indices vient confirmer l’hypothèse. D’abord une pastille rouge puis, plus loin, une plaquette solidement arrimée au rocher.

Je continue de tirer sur ce fil d’Ariane, encouragé par ces découvertes, suivant la courbe de la strate jusqu’à ce qu’elle vienne mourir au pied d’un chêne. Deux points bleus fatigués indiquent que ce n’est pourtant pas ici qu’est le terminus.

Maintenant il faut lever les yeux. C’est juste au-dessus que l’affaire semble se faire. À première vue c’est le pas le plus difficile car le moins bien protégé. Insuffisant pour faire monter un quelconque niveau de stress en ce qui me concerne. Je le passe comme je traverse la rue, en un clin d’oeil.

La suite maintient l’engagement à un seuil modéré, offrant plusieurs possibilités d’ascension dans ce qui ressemble à une grande alcôve, moins verticale que le reste et vaguement décaissée à l’intérieur même de la falaise. Un terrain de baroudeurs/ses qui savent où mettre les mains et les pieds. Plus réellement de la rando et pas encore tout à fait de l’escalade.

Dans la partie de l’ascension vers la Chambre du Turc qui engage le plus

En levant la tête j’aperçois bientôt une petite cavité, ronde comme une orbite vide et sommairement surmontée d’un pan de mur en pierres taillées. Les derniers mètres pour l’atteindre sont les plus raides mais des marches grossières et des encoches astucieusement placées dans le rocher en facilitent l’accès.

Une barre de fer, en guise de main courante, aide à basculer entièrement dans le petit abri, en fait une étroite niche ermitique prétentieusement qualifiée de « chambre ». On n’y tient pas à dix mais on y est au frais quand le soleil carbure à l’extérieur.

Le boyau patiné d’une cheminée dans le mur du fond invite à poursuivre l’exploration. Un coude brusque survient rapidement et me renvoie dans un creux jusqu’alors dissimulé à la vue et percé plus haut d’une étroite fenêtre circulaire. Surprise : le passage est traversant !

L’arrivée dans la Chambre du Turc avec le guide en fer qui permet une bonne prise pour la fin

À force de contorsions, je m’extrais en rampant par ce trou inattendu que prolonge une minuscule terrasse. En-dessous les à-pics de la face nord du Rocher du Turc s’écroulent jusqu’aux arbres léchant la base de la paroi.

Je me relève prudemment. Quelques mètres à peine me séparent désormais du sommet, à franchir en agrippant les solides excroissances calcaires qui y remontent en escaliers. Une large plateforme apparaît, accueillante, couronnée de ciel et caressée d’une brise amicale. Sans doute le plus beau belvédère qu’on puisse souhaiter sur l’univers des Dentelles de Montmirail.

Le sommet du Rocher du Turc est un cadeau fait aux randonneurs/ses pour accéder à l’étage le plus haut des Dentelles, habituellement réservé aux seul(e)s grimpeurs/ses. On peut y avoir un aperçu de la fantastique atmosphère qui règne sur le parcours de la traversée des Sarrasines. Une sorte d’horizon panoramique qui paraît sans limite alors qu’on joue les équilibristes sur cette dorsale improbable.

La sortie de la cheminée du Turc : un boyau court et pas bien gros. Les sacs devront être passés en premier !

J’y savoure un arrêt prolongé. J’y rêve aussi d’un bivouac. Un randonneur m’y rejoint. Un local. Mieux encore : un pompier en repos qui vient, en habitué, y prendre un instant de pause comme s’il s’agissait de la salle de repos de la caserne.

Je lui fais part de la difficulté de trouver l’endroit. « C’est normal et c’est très bien ainsi.« , m’explique-t-il. « Vu le monde qui se promène dans le secteur, il vaut mieux éviter d’envoyer n’importe qui par ici. On aurait bien trop d’accidents avec des gens mal préparés et pas qualifiés pour ce type de terrain. On préfère éviter de communiquer sur cet itinéraire.« 

Quitte, même, à éliminer tout indice un peu trop visuel qui macherait le travail aux visiteurs motivés malgré tout. Je comprends. Je me dis même que ma communication sur ce spot devra s’accompagner de recommandations rigoureuses – voir plus bas dans le guide pratique.

Depuis le sommet du Turc : vue de premier ordre sur la suite des Dentelles Sarrasines et, en toile de fond, sur le Mont Ventoux

3 – LES SARRASINES, CHAPITRE 2

Du Sommet du Turc à l’entrée du vallon de Lafare

Je lève l’ancre peu de temps après le pompier, exécutant le chemin inverse de l’aller avec précaution jusqu’à retoucher terre au pied du mur porteur, là où je retrouve les pastilles bleues. Cap maintenant sur la massive brèche en V qui fend les Dentelles Sarrasines en deux segments distincts, façon Brèche de Roland.

Un passage où souffle un vent épique. Le genre d’endroit où la Nature s’est surpassée en laissant derrière elle une oeuvre forte et à l’esthétique acérée. Un point de convergence pour de nombreux visiteurs montés classiquement depuis le col du Cayron. Moi-même suis passé par cette entaille magistrale plus d’une fois.

En arrivant à la brèche en V caractéristique qui sépare les Dentelles Sarrasines en deux blocs distincts

Ce que je n’ai jamais fait, en revanche, c’est poursuivre le long du segment suivant des Sarrasines, les sentiers officiels ne prolongeant pas dans cette direction. Ce qui me convient parfaitement, moi qui lorgne aujourd’hui plutôt vers l’officieux.

Je peux compter sur ces bonnes vieilles pastilles bleues pour m’accompagner. Encore elles ! Le baliseur ne devait décidément pas avoir d’autres couleurs sous la main. Qu’importe dans quel coin des Dentelles on marche, on les y retrouve forcément ! Aussi écrire dans un topo de bien suivre des ronds bleus me paraît présentement le conseil le plus inutile qui soit !

L’autre côté, après un départ laissant croire à une forme de continuité visuelle avec la première partie, prend finalement ses distances avec elle. Ce sont d’abord les chênes qui descendent d’un cran, libérant le passage et la vue sur des falaises plus techniques. La trace se veut ensuite plus confidentielle, moins encombrée de racines mais plus caillouteuse.

Une sente un peu moins enfermée par les chênes permet de profiter d’une ambiance légèrement différente sur la seconde partie de la traversée des Dentelles Sarrasines

Le chemin progresse, jamais très loin des parois, vers l’extrémité orientale des Sarrasines dont les contours s’émoussent petit à petit jusqu’à ne plus être qu’une mince bande rocheuse peinant à dépasser les bosquets de buis et de romarin. Jusqu’à ne plus être que l’ombre de ce qu’elles étaient, l’héritage sans gloire d’une grandeur passée.

C’est le signal pour les abandonner, elles et le monticule plus lointain de la Crête de Saint-Amand, ce parent un peu éloigné des Dentelles de Montmirail qui me servait de cap pour cette dernière partie de ma traversée. Le terrain est confus et les départs de sente en versant sud fréquents. Certains sont de fausses pistes menant en face nord, d’autres des culs-de-sacs frustrants qui m’obligent à chercher ailleurs.

C’est un segment chaotique qui joue avec ma patience. Je n’y trouve pas ce que je cherche. J’opte finalement pour une sente trop raide pour être sympathique mais qui a au moins le mérite de ne pas s’interrompre sans prévenir.

Pas le meilleur choix certes mais je suis las de courir après cette trace qui, selon l’IGN, fait la liaison avec Cassan. À court d’eau dans ce maquis étouffant et chauffé à blanc par un soleil cuisant, je n’ai qu’une idée en tête : atteindre le thalweg du ravin de l’Aiguille et tirer rapidement vers la cascade de Lafare.

Premiers mètres de la descente sauvage vers la fond de la combe du Vallat de l’Aiguille

La trace est du genre directe et, somme toute, bien dessinée. Les dérapages restent monnaie courante dans ce qui s’apparente, la plupart du temps, à une pente de petites caillasses traîtres pas mal sèche. C’est une partie qui perd en confort ce qu’elle gagne en efficacité.

Guère séduisante en comparaison de la section passée en tête à tête avec les Dentelles Sarrasines mais, comme dit le proverbe, tout ce qui monte doit bien finir par redescendre. Je touche le fond quasiment 200 mètres plus bas, pas fâché de retrouver un bon sentier roulant qui évolue un peu au-dessus du ruisseau, complètement à sec, du Vallat de l’Aiguille.

Je suis à l’aplomb du Pas de la Chèvre, possible échappatoire pour celles/ceux qui éprouveraient le besoin de raccourcir la boucle. L’ogive grise et lisse du rocher de Saint-Christophe domine la sortie du vallon à l’est, sorte de Half Dome provençal qui atteste que les Dentelles de Montmirail en ont encore dans le ventre dans ce coin.

Retour sur un bon sentier bien roulant dans le fond du vallon du Vallat de l’Aiguille

Les inévitables pastilles bleues sont également de retour, balisage schtroumpfesque qui me met sur la piste de la partie supérieure de la cascade de Lafare. La fameuse. Si souvent évoquée autour de moi que j’ai l’impression de la connaître avant même de l’avoir vue.

Je garde en tête l’existence d’un cheminement pour franchir le défilé accidenté dans lequel elle coule, sans bien savoir à quoi m’attendre. Pas sûr que le faire dans le sens de la descente soit la meilleure idée que j’ai eue…

L’entrée en matière se veut pourtant prometteuse : un début de gorges boisées au fond plat, sur lequel chahute un cours d’eau peu profond et facile à suivre, une ambiance en clair-obscur qui porte l’écho de la chute toute proche. L’esquisse d’une brève aventure qui s’entraperçoit dans le creux soudain d’un rocher où l’eau disparaît brusquement.

Tentative de rejoindre la cascade de Lafare par l’amont

Je repère deux barreaux, plus bas en rive gauche, accessibles depuis l’effondrement rocheux qui encadre un côté de la cascade. L’endroit suinte d’humidité et pas une once de sec à l’étage d’en-dessous pour y aller en chaussures. Je fais disparaître les miennes dans le sac et tente le coup nus pieds. En vain.

Il manque un barreau pour bien sécuriser le dernier mouvement et le rocher, lisse et glissant, semble me mettre en garde contre une acrobatie inutile. J’abdique et je souscris l’option du contournement et d’un accès par le bas. Marche arrière.

Il faut revenir sur ses pas pour traverser le ruisseau en amont et remonter attraper la route qui, venant depuis Lafare, s’engage ensuite vers le col du Cayron. Quelques véhicules sont arrêtés au niveau du défilé et leurs propriétaires occupés à admirer le défilé sur le belvédère aménagé à cet effet ou à grimper sur les couennes équipées, juste en-dessous.

C’est un endroit des Dentelles de Montmirail surprenant et cent pour cent atypique. La dépression ouverte entre le rocher de Saint-Christophe et la falaise de la Salle a façonné un décor impressionnant sans nul autre pareil ailleurs dans le secteur. L’unique spectacle donné par l’eau ici auquel un cheminement minéral à la technicité réduite mais néanmoins réelle permet d’assister.

4 – UNE CASCADE ET DES DENTELLES INATTENDUES

De l’entrée du vallon de Lafare à Gigondas + A/R cascade

La véritable entrée s’effectue dans un lacet de la route à l’invitation de marques forcément bleues. Un guidage bien pratique pour évoluer avec assurance sur des berges rapidement rocheuses et franchir des ressauts conséquents.

La cascade – une autre – se dévoile dans le pli formé par la réunion de deux barres massives. Les pastilles partent dans le plan incliné bordant celle de gauche, me poussant à conclure qu’elles partent contourner l’obstacle pour passer au-dessus de la chute et, sans doute, rejoindre plus loin la seconde cascade, celle où j’ai fait demi-tour précédemment.

Je n’ai pas le temps d’aller le vérifier aujourd’hui. Le raisonnement doit demeurer au stade de l’hypothèse. La pression de la montre est une désagréable source de frustration car l’endroit pousse à une exploration minutieuse.

C’est un environnement de falaises très différent, inhabituellement encaissé pour les Dentelles de Montmirail. Un terrain de canyoning plus que de randonnée auquel un coup de baguette magique de l’eau confère immédiatement une allure spectaculaire. Je reviendrai y assouvir ma soif.

Au pied de la cascade de Lafare : un endroit définitivement unique sur le secteur plutôt sec et minéral des Dentelles de Montmirail

En parlant de soif les gourdes sonnent désespérément vides. Elles ont rendu leur dernière goutte, me laissant certes plus léger mais définitivement à sec pour les sept dernières kilomètres. Foutue chaleur qui se croit déjà en été alors que démarre à peine le printemps… Je n’étais pas préparé.

Et ce n’est pas la pente barbare de ce sentier tracé à la sauvage pour passer au-dessus de la falaise de la Salle qui va arranger la situation. Le terrain des Dentelles de Montmirail est exigeant. Je m’en rends compte au moment d’attaquer cette dernière partie du circuit qui offre des perspectives nouvelles sur la vallée de la Salette au centre de laquelle trône Lafare.

La cime boisée de Carabelle veille sur le village et les cultures en arrière-plan. Ce sont les derniers reliefs séparant le pays des Dentelles de la plaine viticole de Beaumes-de-Venise et d’Aubignan. Je leur tourne le dos et reprend mon ascension en essayant d’occulter la soif et la chaleur.

Nouvel épisode de dénivelé positif en remontant au-dessus de la falaise de la Salle, en direction du Pas de la Chèvre

Le sentier fait une dernière révérence au micro-canyon de la cascade de la Lafare qu’il domine maintenant en versant droit. Je plonge mon regard dans le creux de falaises gris-orangé. Le cône calcaire du Rocher Saint-Michel émerge pile au-dessus, renforçant l‘aspect singulièrement vertigineux de l’ensemble. Le Point Sublime version Montmirail.

Je pensais après ça ne plus pouvoir être surpris : je me trompais. Le cheminement en versant sud du groupe du Clapis joue sa propre partition, plus confidentiel et inattendu que jamais. Les chênes verts sont mis à l’écart tandis que la trace épouse les longues strates s’étirant en vagues ondulantes au pied des falaises.

Un segment incroyablement sauvage et qui semble oublié des foules. Un somptueux corps-à-corps avec le rocher dans un environnement sensiblement plus raide qu’aux Sarrasines. Le Clapis cache bien son jeu et il faut passer dans le camp méridional pour le réaliser. Qu’importe la chaleur, qu’importe la soif, la singulière atmosphère de ce passage me fait tout oublier.

Ce tour dans les coulisses des Dentelles de Montmirail, s’il se mérite largement, se place malgré ça parmi les must de ce secteur à faire absolument. Il fait honneur à ces belles demoiselles du Vaucluse dont il dévoile les charmes patiemment avec une étonnante exhaustivité. Je suis totalement séduit.

Inattendus passages au fil de strates magnifiques en progressant vers le Pas de la Chèvre, en versant sud du groupe du Clapis

Le Pas de la Chèvre est dépassé depuis un moment lorsque j’émerge lentement de mon exaltation. À l’approche de la trouée ouverte entre le groupe du Clapis et celui du Grand Montmirail, la végétation recolonise plus intensément le versant.

Les strates disparaissent, remplacées par des agglomérés de roche brouillons et la sente, encore facile à suivre quelques instants plus tôt, se fait plus hésitante et confuse. Après quelques tâtonnements qui me rappellent ceux survenus à l’extrémité des Dentelles Sarrasines un peu plus tôt dans la journée, je capitule face à ces arbrisseaux anarchiques parmi lesquels semble se perdre le moindre espoir de trace.

Visant une ouverture facilement accessible dans la falaise, je bascule face nord dans l’espoir d’y trouver un cheminement plus fluide. Un pari gagnant. Les grimpeurs qui taquinent le rocher de ce côté ont ouvert des chemins bien mieux dessinés pour atteindre leurs voies. Je trouve l’un d’eux sitôt le passage rocheux franchi qui me ramène rapidement vers le Grand Montmirail.

Ce dernier groupe paraît lui aussi vouloir offrir quelques variantes intéressantes mais les ombres qui s’étirent parmi les chênes, côté nord, me chuchotent de ne pas trop pousser ma chance. Il faut parfois savoir quand s’arrêter et le confort retrouvé de sentiers roulants me pousse à allonger le pas en direction du col d’Alsau.

Dernière manifestation rocheuse des Dentelles de Montmirail avant de plonger dans les sous-bois pour les ultimes kilomètres de cette boucle

Le sous-bois reprend ici ses droits, agréablement frais et ombragé après ces heures exposées au soleil. Je ne boude pas ce plaisir qui compense les adieux au rocher. Une piste, assez odieuse après tant de beauté, surgit au détour du col d’Alsau. Je limite le temps passé dessus en décrochant dès que possible par le premier chemin venu.

Ce sera une trace défoncée, salement rongée par le passage de l’eau, qui doit me permettre de faire la jonction, plus bas, avec le GR® de Pays des Dentelles de Montmirail. Un retour souhaité confortable et à l’ombre des pins pour un final tout en douceur après cette journée passée sur les chemins un peu secrets des Dentelles. Aucun doute n’est permis : celle-ci est partie pour être la rando du mois sur le blog !

DENTELLES DE MONTMIRAIL : GUIDE PRATIQUE

Venir à Gigondas

En voiture : Gigondas est desservi par l’A7, en venant soit du nord depuis la vallée du Rhône ou de l’ouest par l’A9 (jonction au niveau d’Orange), soit du sud depuis Aix-en-Provence et Marseille.

En venant du nord : prendre la sortie 22 « Orange sud ». Après le péage, au rond-point, suivre les directions Courthezon et Jonquières. Au rond-point suivant, suivre Jonquières par la D950 puis la direction « Violes » dès qu’elle apparaît, d’abord via la D950, puis par la D977 au niveau d’un rond-point. Traverser Violes en poursuivant par la D977 direction Vaison-la-Romaine. Au rond-point suivant, prendre à droite la direction Gigondas, Vacqueyras par la D8. La quitter un peu plus tard par la gauche et la D7 direction Gigondas et Dentelles de Montmirail par la D80. Au stop suivant, tourner à gauche par la D7 direction Gigondas et Vaison-la-Romaine. Un peu plus loin tourner à droite direction Gigondas par la D80. Monter jusqu’au village et le traverser. Plusieurs parkings à droite après le centre-village.

En venant du sud : prendre la sortie 23 « Avignon nord ». Au rond-point après le péage, suivre à droite la direction Carpentras par la D942. Prendre la sortie « Monteux nord, Sarrians » puis, au stop, suivre la D31 à droite direction Sarrians. Rejoindre et traverser entièrement Sarrians. Au rond-point à la sortie, aller tout droit direction « Beaumes-de-Venise, Vacqueyras » par la D21. Rejoindre Vacqueyras et le dépasser en suivant la D7, d’abord direction Vaison-la-Romaine puis, à la séparation avec la D8, direction Sablet et Gigondas. À l’approche de Gigondas quitter la D7 à droite pour la D80 et monter à Gigondas. Atteindre et traverser le centre du village. Stationnement sur l’un des parkings à droite après le centre.

Note : les deux premiers parkings sont payants. Continuer un peu et prendre à droite après avoir passé le Domaine Tourbillon, au niveau du café-restaurant « À l’ombre des Dentelles », par la rue Raymond V des Baux. Le parking Bacchus, plus grand et gratuit, se trouve au bout.

Mobilité douce : il est possible de prendre le train jusqu’à Carpentras. De là emprunter la ligne J du réseau TransCove qui va jusqu’à Gigondas. Ci-joint la fiche et les horaires de la ligne, valables au 1er septembre 2023.

Depuis le sommet du Turc, vue vers l’ouest avec, à droite, le col d’Alsau qu’on empruntera au retour

Dentelles de Montmirail : Topo pas-à-pas & Trace GPX

N’hésitez pas à me demander, en complément, la trace GPX de cet itinéraire en m’en faisant la demande par mail à l’adresse contact@carnetsderando.net

Depuis le parking revenir par la rue Raymond V des Baux et, au niveau du restaurant, prendre à gauche le chemin de la Gardette. Passer entre les deux parkings et tourner à droite par le chemin des Dentelles de Montmirail. Quitter Gigondas et monter par une cote raide jusqu’à un croisement (1).

Suivre à droite l’indication Beaumes-de-Venise, Vacqueyras par le GRP (rouge-jaune). Dépasser une propriété à droite et suivre un large chemin entre les vignes qui bascule et entre ensuite en forêt.

Quand il commence à monter, laisser un chemin partir à droite et, au niveau du haut de la cote, repérer à gauche une sente s’aventurant en sous-bois (2) : la suivre toujours en montée, franchir quelques ressauts raides jusqu’à un croisement vers 350m d’altitude. Bien repartir alors vers la gauche pour continuer par cette sente et finir par croiser la DFCI D.M.30. (3)

Les derniers mètres d’ascension avant d’atteindre Tête Vieille

La traverser pour continuer par le talus d’en face où apparaît la suite du chemin. Le suivre toujours en montant jusqu’à atteindre la zone sommitale de Tête Vieille. Suivre cette ligne de crête par un chemin taillé entre la végétation, dépasser la première section rocheuse et atteindre un espace ouvert, carrefour de plusieurs traces, qui permet la bascule côté sud. (4)

S’engager dans le petit goulet au sud qui dessert une cheminée rocheuse. La descendre (II/III) et prendre pied, plus bas, sur le sentier balcon parcourant tout le versant sud des Dentelles Sarrasines (pastilles bleues) : l’emprunter vers l’est.

Accès à la Chambre du Turc

En suivant le sentier bleu on finit par rejoindre une zone un peu plus aérée, débarrassée de l’obstacle rocheux contre lequel s’appuyait la trace jusqu’à maintenant et depuis laquelle on peut venir regarder en versant nord. C’est là qu’il faut repérer le chemin des strates rocheuses prolongeant le sentier bleu et que celui-ci essaye de contourner par en-dessous à droite.

Le « couloir » formé entre deux strates – on aperçoit la croix bleue peinte sur le pan de droite – qui marque le départ vers la Chambre du Turc

Il y a une croix bleue sur l’une des strates : la viser et la suivre (normalement, en ouvrant l’oeil, vous croiserez d’abord un point de peinture rouge puis une plaquette). S’élever très légèrement entre roche (à main gauche) et bordure de chênes verts (à main droite).

Plus loin, reperdre quelques mètres à la faveur d’un petit décroché et continuer en face, même axe, jusqu’à voir le cheminement s’étrécir, voire s’évanouir au niveau d’un chêne pour ne plus laisser comme seule possibilité d’escalader les rochers sur la gauche : c’est ce qu’il faut faire, selon une trace en biais qui, à la sortie, laisse deux options.

Soit de continuer juste au-dessus, toujours un peu en biais et en arrondissant progressivement vers la droite en utilisant les faiblesses du terrain, soit de s’engager par un couloir de strates ascendant (un peu mieux protégé) et bien identifiable. En haut de celui-ci, il faut repiquer à gauche pour franchir un petit ressaut dont la sortie rejoint le cheminement de la première option.

À partir de là, passer derrière les chênes pour suivre la ligne d’une strate grossière qui apparaît et s’élève à droite. En levant la tête vous apercevrez plus haut le mur de pierres taillées qui surmontent l’entrée de la chambre et qui donne l’axe de progression.

L’arrivée au niveau de l’entrée de la Chambre du Turc

Un nouveau ressaut de la strate survient qu’on franchit en s’aidant de « marches » qui entaillent le rocher et permettent de prendre pied sous le dernier mur, en-dessous de la rambarde métallique. Repérer les entailles faites dans la roche pour faciliter le passage et s’aider éventuellement de la rambarde. Passer par-dessus celle-ci pour atteindre la Chambre du Turc.

Dans le fond de celle-ci, s’engager dans l’ouverture qui remonte quelques mètres avant de repiquer à gauche complètement. Suivre le mouvement et tourner la tête à droite pour apercevoir la petite cavité desservant un court boyau qui ouvre, au-delà d’une terrasse étroite, sur le versant nord.

S’engager dans le boyau pour sortir et prendre pied sur la petite terrasse. Continuer par les gradins rocheux faciles au-dessus pour atteindre le sommet du Rocher du Turc (5). Descente par le même itinéraire.

Le petit espace de sortie juste après le boyau de la Cheminée du Turc. La sortie vers le sommet est, derrière, dans notre dos

Fin de l’option Chambre du Turc – retour à la boucle

Suivre le sentier bleu jusqu’à atteindre une très grande brèche en V qui entaille les Dentelles Sarrasines (6). Poursuivre en face, au fil des falaises suivantes, toujours accompagné des pastilles bleues.

Quand les falaises s’écartent nettement à gauche de la trace, au niveau d’une ouverture plus large du terrain [point 44,156771N 5,03216E] les rejoindre en montant en biais à gauche dans les rochers. Il y a encore des pastilles bleues pour confirmer la trace mais elles sont parfois très effacées. On trouve également des cairns plus ou moins importants à partir de ce point.

Sur un replat, plus tard, la sente se sépare en deux [point 44,15757N 5,03432E] : suivre à droite (petits cairns) pour contourner un décroché de terrain. Perdre un peu d’altitude avant de revenir suivre provisoirement la ligne rocheuse qui le prolonge en-dessous, en se tenant plutôt à droite de celle-ci.

Extrémité orientale des Dentelles Sarrasines, peu de temps avant de commencer la descente

Au niveau du [point 44,15775N 5,03479E] cesser de suivre la ligne rocheuse et distinguer une trace en lacets dans les caillasses qui descendent sur la droite (7). Suivre celle-ci. Elle devient assez vite plus directe et pentue, dégringolant au fil d’une sente parfois glissante.

Atteindre un espace plat sous les chênes où on trouve un cairn [point 44,15648N 5,03580E]. Poursuivre au-delà par une sente plus ou moins facilement visible qui continue la descente jusqu’à croiser un vrai sentier qui parcourt le fond du thalweg du Vallat de l’Aiguille (8). Le suivre à gauche (pastilles bleues).

À l’approche du ruisseau de Lafare il fait une courbe à gauche, traverse peu après le ruisseau et sort de l’autre côté dans une vigne. Suivre à droite le long de la vigne. Au bout, prendre le sentier qui monte à droite dans le versant boisé. Atteindre plus haut la route au niveau d’un petit parking (9).

Suivre la route à droite. Passé un virage à gauche, la quitter et descendre par un large chemin à droite. Il se rétrécit plus bas, repique à droite complètement et se rapproche d’une route. Ne pas suivre le sentier de gauche qui descend jusqu’à celle-ci mais poursuivre tout droit pour rejoindre le torrent et le parking au niveau d’un lacet de la route (10).

A/R vers la cascade

Ne pas aller jusqu’à la route mais traverser le torrent par les cailloux pour trouver un chemin bien visible en rive droite. Le remonter – marques bleues – passer quelques rochers puis, à l’invitation des marques, changer de rive.

Remonter au pied de gradins rocheux en rive gauche jusqu’à une petite chute (tronc d’arbre coincé dedans) : traverser à nouveau le ruisseau et s’élever par les rochers pour passer sous les arbres. Venir buter contre un gros ressaut rocheux dans lequel un barreau métallique a été ancré.

Le ressaut un peu avant la cascade. Un barreau métallique – coupé sur la photo – permet d’y prendre plus facilement pied

S’aider du barreau pour y prendre pied et franchir le reste au prix d’une escalade facile (II). Arrondir à gauche en s’appuyant contre les rochers à main droite. Poursuivre en rocher par des strates inclinées et passer derrière un gros bloc par la droite pour arriver en vue de la cascade.

Traverser le cours d’eau et monter par la gauche via un plan incliné très patiné en s’aidant d’une corde fixe arrimée à un rocher. Le pied de la cascade est juste derrière (11). Retour par le même itinéraire jusqu’au lacet de la route et au parking (10).

Fin de l’A/R vers la cascade – retour à la boucle

Rester à droite de la route et ne pas complètement dépasser le parking pour repérer, montant sèchement à droite, un sentier grossier. Le prendre. Il monte raide jusqu’à des vignes, au niveau d’un replat. Se diriger vers les vignes et monter à droite par un chemin bien large pour quitter celui-ci rapidement à droite par un nouveau sentier escaladant sauvagement la pente du sous-bois.

Le suivre jusqu’à buter contre une grosse dalle rocheuse. Suivre à droite la base de celle-ci pour se hisser sur une sorte de petite vire. La suivre à droite. Elle arrondit derrière un mur de roche puis monte au-dessus au fil d’un versant généreusement ouvert (cairns).

En se rapprochant du bord des falaises de l’étage supérieur, elle biaise à gauche et poursuit son ascension vers le Pas de la Chèvre. La pente se stabilise au niveau des 400 mètres et la sente se fait davantage balcon en suivant régulièrement des lignes de strates parallèles à la paroi à main droite.

Le cheminement en balcon – parfois sur sente, parfois sur strate – sur lequel on évolue en direction du Pas de la Chèvre

Elle reperd de l’altitude après avoir laissé le Pas de la Chèvre à droite (12). On trouve alors des endroits équipés sur le chemin – petits rondins de bois pour aider dans les descentes, câble… – tandis que la progression se fait moins fluide et le tracé plus irrégulier.

Au niveau d’une zone plus ouverte dans le versant où la trace semble tirer en biais en descente, repérer la branche de sentier à droite qui, elle, s’efforce de monter pour retourner coller au pied des parois. Atteindre ainsi la proximité d’un point de passage possible en versant nord, ouvert dans le mur rocheux de droite point 44,15056N 5,03307. (13)

S’y avancer et emprunter ce passage pour passer côté nord. Suivre le sentier qui longe la falaise à gauche et descendre jusqu’à croiser un autre sentier, bien marqué. L’emprunter à gauche. Il va contourner l’élément de falaise à main gauche pour prendre pied sur le « collet » situé au pied du groupe de Grand Montmirail. (14)

Le point de passage décrit dans le topo pour passer du côté sud au côté nord du groupe du Clapis

Au collet suivre le chemin qui part à droite et ignorer ensuite toutes les traces le quittant à gauche. On trouve alors des ronds jaunes en guise de balisage. Par un petit sentier peu à peu forestier on atteint la proximité d’une vigne. Ne pas y aller et continuer par le sentier en sous-bois à gauche jusqu’à la jonction avec une grande piste. La suivre à droite et atteindre le col d’Alsau. (15)

Du col suivre la piste direction Col du Cayron. Ignorer le sentier qui la quitte à droite plus loin pour le-dit col et rester sur cette piste encore quelques temps. La quitter plus tard à gauche, par un chemin vierge de toute indication, à l’amorce d’une large courbe à droite de la piste (16).

Il est rejoint plus bas par un autre chemin descendant de la droite. L’ignorer et continuer tout droit par un chemin abimé et creusé de profondes ornières. Atteindre plus bas un carrefour de plusieurs chemins. (17)

Ignorer les plus larges et s’engager à droite par une allée mal dégrossie en sous-bois. C’est un raccourci pour rejoindre, plus bas, le confortable chemin du GR® de Pays Tour des Dentelles de Montmirail (18). Suivre celui-ci à droite. Il ramène à Gigondas par le tracé emprunté au départ, à l’aller.

Difficulté

Cet itinéraire autour des Dentelles de Montmirail est un parcours exigeant. Nonobstant les deux spots techniques – la Chambre du Turc et la cascade de la Fare – qui sont des options évitables, les chemins empruntés peuvent finir par être usants. On a un peu pris de haut les chiffres de cette randonnée. Genre « 12 km ? Bah, ce sera fait en trois heures ! ». En fait pas du tout ! La nature du terrain empêche très souvent d’avancer vite et le temps passé à vérifier qu’on est sur le bon chemin est à prendre en compte. Gardez bien ça à l’esprit avant de vous y engager !

Autre chose : on peut considérer que cet itinéraire est régulièrement paumatoire. Maintenant que je connais je sais où chercher et où regarder mais, lors d’une première visite, la lecture de terrain demande beaucoup de vigilance. Un moment d’inattention et, zou, on a vite fait de se retrouver sur une mauvaise trace qui nous éloigne ostensiblement du bon cap. L’apport de la trace GPX est utile mais ne vous reposez cependant pas uniquement sur elle.

Passage sur strate en versant sud du groupe du Clapis

Causons maintenant des cas particuliers et optionnels de cette boucle.

1 – La Chambre du Turc

Outre que son accès depuis le sentier bleu n’est pas aisé à trouver – je suis passé devant un paquet de fois toutes ces années avant d’enfin réussir à comprendre où il était ! – il y a aussi le fait que ce n’est pas un endroit pour tout le monde.

D’abord parce que cela nécessite de savoir lire un itinéraire en rocher. Pas forcément évident de prime abord. Ensuite à cause du terrain, en falaise. Falaise de catégorie abordable certes, pas vraiment verticale non plus et truffée d’endroits où imaginer une progression la moins dangereuse possible mais falaise quand même avec un pack de risques de base à ne pas négliger.

Ce qui signifie qu’on ne s’aventure pas dans cette mission sans connaissance et expérience préalable sur ce type de terrain particulier. Et de se dire que la trace GPX suffira bien est une erreur.

Accéder à la Chambre puis au Rocher via la cheminée peut cependant être un moment fort et inoubliable qu’on a naturellement envie de vivre. Aussi, si vous pensez ne pas être capable d’y progresser en solo au regard de ce que je viens d’expliquer précédemment, vous pouvez essayer de solliciter une personne de votre entourage disposant de matériel d’escalade et sachant s’en servir pour officier comme premier de cordée et sécuriser votre passage. Il y a quelques plaquettes en cours de route qui peuvent servir à cet effet. Ou si personne sous la main dans votre réseau, ne pas hésiter à solliciter un professionel : vous pouvez vous renseigner auprès de Sensabloc à Carpentras.

Quelques mètres sous l’entrée de la Chambre du Turc, à l’endroit où des entailles dans le rocher en facilitent l’escalade

2 – La Cascade de Lafare

Relativement déjà plus abordable, que ce soit en matière de recherche d’itinéraire – c’est balisé – ou de terrain – rocheux certes, mais beaucoup moins engageant que la Chambre du Turc. Même sans grosse expérience du rocher, vous pouvez tenter le coup, à condition d’être bien chaussé. Je précise que je n’ai pas écrit « sans expérience du tout » mais « sans grosse expérience » ce qui signifie qu’il faudra quand même mettre les mains et tirer sur une corde fixe pour s’aider à un moment.

Les plus à l’aise – et seulement eux/elles – pourront tenter leur chance au-dessus de la cascade en prolongeant la trace bleue qui la contourne en montant par le plan incliné à gauche. Je n’ai pas emprunté ce chemin : j’ai simplement tiré l’hypothèse qu’il rejoint la chute amont sur laquelle nous avons buté plus tôt. Les cartes OSM indiquent que cette trace permettrait également de raccorder le sentier montant vers le Pas de la Chèvre et que nous avons emprunté depuis la route. Merci de tenir compte de cette précision avant de vous engager en mode explorateur/trice.

Gardez à l’esprit que, selon la saison, le lit du torrent peut encore être entièrement en eau et qu’il reste un franchissement un peu plus athlétique au niveau de la chute suivante à cause de cette histoire de barreau trop haut. Ce n’est pas le pays de l’adhérence du tout quand c’est humide. (et ça l’est la plupart du temps…) Il y a quelques équipements en place pour celles/ceux qui voudraient éventuellement assurer (matos canyon indispensable car les risques de mouiller la corde sont importants).

Sur le chemin vers la cascade de Lafare. On aperçoit le tronc d’arbre coincé qui marque l’endroit où il faut changer de rive

Recommandations Particulières

Ne vous engagez pas sur cette boucle après la pluie ou si risque de pluie il y a : trop glissant. Et le débit de la cascade de Lafare peut être méchamment plus important : danger. Idem pour l’orage. Se balader près des Dentelles de Montmirail quand ça cogne n’est pas une très bonne idée. Et encore idem en cas de gros vent : auquel cas il est strictement déconseillé de tenter la Chambre et le Rocher du Turc.

Il n’y a pas d’eau (potable) sur cet itinéraire. En cas de grosses chaleurs, faites-en sorte de ne pas en manquer et voyez large avec 2 à 2,5L par personne. Complétez l’équipement avec protection solaire, couvre tête et lunettes.

Attention, en période de chasse, l’accès aux Dentelles de Montmirail est déconseillé lors des jours de battue. Ils ont lieu les lundis et jeudis du 2ème dimanche de septembre au 2ème dimanche d’octobre. Puis, jusqu’au 10 janvier, les lundis, mardis, jeudis et vendredis.

Cette randonnée a été réalisée en avril. Pour des raisons visuelles, il est recommandé d’attendre le démarrage du printemps. La période concernée court environ de mi-avril à début juin. Les mois d’été sont chauds, très chauds et l’accès aux massifs est règlementé – consulter obligatoirement le site de la Préfecture pendant cette période. L’automne est également une bonne option, à condition d’éviter les jours de chasse (voir ci-dessus). L’hiver les Dentelles de Montmirail manquent un peu de couleurs. Ce n’est pas la saison qui a le plus mes faveurs sur ce secteur.

En approchant de l’extrémité est des Dentelles Sarrasines…

Liens utiles

Les Dentelles de Montmirail sont situées sur le territoire plus large de Ventoux Provence que vous pouvez découvrir en amont via le site de l’Office de Tourisme.

Si vous êtes amateur/trice de vin et que vous souhaitez vous informer en amont sur l’identité viticole du territoire des Dentelles de Montmirail, un petit tour sur le site de l’appelation Gigondas sera utile.

Où dormir ?

À Gigondas, on s’arrête forcément pour l’étape au gîte des Dentelles. L’hébergement peut accueillir jusqu’à 46 personnes et propose un dortoir et plusieurs chambres. Des espaces sanitaires sont mis à disposition pour les hôtes. Il y a également une cuisine pour celles/ceux qui veulent être autonomes en matière de repas. Pour les groupes, un traiteur local propose ses services et livre sur place. On trouve enfin facilement un restaurant pour celles/ceux qui veulent mettre les pieds sous la table en dehors du gîte. Le gîte est ouvert de mars à décembre et les tarifs démarrent à partir de 20 euros la nuit. Infos et réservation : 04 90 65 80 85 / 06 10 26 98 33 ou formulaire de contact sur le site.

Remarque : les informations données dans cet article consacré aux Dentelles de Montmirail engagent uniquement la responsabilité de l’utilisateur/rice sur le terrain qui saura les adapter à son niveau et à son expérience. Carnets de Rando ne saurait être tenu responsable de tout accident survenant suite à un mauvais usage de cet article ou à une mauvaise appréciation du niveau du/de la pratiquant(e) par rapport à celui requis.
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